Carnets Secrets - Jean-Luc Delarue by Biographies

Carnets Secrets - Jean-Luc Delarue by Biographies

Auteur:Biographies [Biographies]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: l'Archipel
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00


L’ART ET LA VIE

Je ne raterais pour rien au monde l’occasion de réunir du monde dans l’appartement que j’ai eu le bonheur d’acquérir en 1995, juste avant l’explosion du marché immobilier. Il est situé au coin de la rue Bonaparte et du quai Malaquais. Il regarde le plus beau musée du monde : le Louvre. La vue est si intimidante qu’au début je me cachais derrière le rideau pour en admirer l’architecture.

Le Louvre… J’en suis membre bienfaiteur. Je tiens à faire honneur au travail remarquable effectué par le président Henri Loyrette, qui a réussi à faire grimper d’un gros tiers la fréquentation du musée. Cet homme est un génie qui fait briller le génie des autres. En outre, il a su mobiliser ses salariés et leur rendre leur fierté en hissant leur établissement à sa place : sur le toit du monde. Je tiens aussi à rendre hommage aux artistes, aux maîtres historiques, bien sûr, mais également aux créateurs contemporains comme Jan Fabre, cet « ange de la métamorphose », comme on l’a appelé, dont les œuvres en miroir ont dialogué en 2008 avec celles de Rubens et de Van Eyck.

Je trouve merveilleux de pouvoir aller si facilement admirer La Vierge du Chancelier Rolin, ou Vierge d’Autun, de Jan van Eyck. Cette œuvre est pour moi un enchantement, un modèle de grâce et de virtuosité dans la construction. Certains personnages, qui mesurent moins d’un millimètre, se distinguent sur un pont au second plan, sous le doigt de l’Enfant Jésus. L’œuvre met en scène les possibilités de la perspective, invention récente au XVe siècle, qui donne l’impression de percer les murs et d’ouvrir le monde sur l’infini. Van Eyck, que l’on considère comme l’inventeur de la peinture à l’huile, a apporté sa contribution à cette étape décisive de l’histoire de l’art.

De Leonardo, j’apprécie particulièrement la Vierge au rocher et le sublime Saint Jean-Baptiste surgissant de son « jus de pruneaux », comme Manet qualifiait ce flou artistique ordinairement appelé sfumato. Quant à la Joconde, je pourrais la contempler pendant des heures, telle une allégorie du temps qui passe, avec ce sourire et ce regard qui vous pénètrent où que vous vous trouviez dans la salle. On dit que le signor Giocondo, ayant commandé l’œuvre, la refusa. D’après lui, sa femme y avait l’air d’une catin – alors qu’elle lui avait donné deux héritiers mâles, ce dont il souhaitait du reste la remercier par ce portrait. N’avait-elle pas les sourcils épilés, prérogative des courtisanes ? J’ai ma propre théorie sur ce tableau. Selon moi, la Joconde ne sourit que pour l’œil humain, la caméra ou l’appareil photo. Sans cela, pas de sourire ! Autrement dit, c’est l’admirateur qui lui donne vie, comme le prince charmant réveille la Belle au Bois dormant en lui donnant un baiser. Lorsque la Joconde est à l’abri des regards, elle est triste, elle ne sourit plus ; le spectateur, en revenant à elle, lui apporte un souffle de vie.

Je me rends au Louvre au moins deux fois



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